Coronavirus - Kenya : Renforcement de la vaccination contre la COVID-19 dans les communautés difficiles d’accès au Kenya
Des sites de vaccination ont été créés là où l’accès était facile pour les populations
Pendant la campagne, la couverture vaccinale dans les 11 comtés ciblés est passée de 4,6 % dans les zones peu peuplées à 18,6 % dans les comtés densément peuplés
Lorsque le Ministère de la santé du Kenya s’est fixé pour objectif de vacciner 10 millions de personnes contre la COVID-19 avant la fin de 2021, de nombreuses personnes comme Lilian Anyango n’ont pas eu peur des mythes qui circulaient sur les risques que la vaccination pourrait causer sur leur santé.
Lilian Anyango craignait plutôt de passer à côté d’une opportunité.
« Nous sommes souvent oubliés dans toutes les initiatives », explique cette résidente du comté de Kisumu, à l’ouest du Kenya, vivant avec un handicap. Les Kenyans vivant avec un handicap, explique-t-elle, sont souvent laissés pour compte et n’ont pas accès à l’aide sociale en général. « Nous vivons dans la pauvreté et comptons sur des dons pour subvenir aux besoins de nos familles ou nous errons dans les rues pour gagner de quoi vivre. Nous n’avons pas le temps de nous rendre à l’hôpital pour nous faire vacciner contre la COVID-19. »
Au cours d’une campagne de 10 jours ciblant 11 des 47 comtés du Kenya où la couverture vaccinale était parmi les plus faibles, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les administrations de ces comtés, des organisations non gouvernementales et d’autres partenaires, étaient déterminés à ne laisser personne de côté. Le travail de terrain devait faire la différence. Au lieu de rencontrer les gens uniquement dans des établissements de santé, des campagnes de sensibilisation ont été organisées dans les endroits habituellement fréquentés par les potentiels bénéficiaires, tels que les marchés, les gares autoroutières et d’autres lieux de la vie quotidienne. En outre, différents groupes, notamment des groupes de femmes et de jeunes, des chauffeurs de moto-taxi et des dignitaires religieux, ont été mis à contribution pour aider à mobiliser les nombreuses personnes qui sont généralement négligées.
Au cours de la campagne organisée en décembre, l’OMS a fourni un appui technique et financier aux 11 comtés afin d’accélérer l’impact de la vaccination anit-COVID-19 grâce à des équipes stratégiques de communication sur les risques, de participation communautaire et de sensibilisation à la vaccination. Les experts de l’OMS ont travaillé avec les équipes de santé des comtés pour coordonner les opérations au niveau communautaire afin que les autorités locales s’approprient les efforts visant à renforcer la vaccination contre la COVID-19. Ces efforts comprenaient des campagnes d’information sur la santé publique (messages imprimés et annonces publiques) visant à dissiper les mythes et autres clichés négatifs liés au vaccin, par exemple pour en finir avec l’idée reçue que le vaccin diminue la fécondité, la libido masculine ou qu’il entraîne la mort. En plus de la sensibilisation du public, les équipes de campagne annonçaient le lieu et les dates où la communauté pouvait avoir accès à la vaccination.
Dans le comté de Kisumu, à l’ouest du Kenya, qui se trouve être l’un des 11 comtés ciblés, les équipes de l’OMS et le département de la santé du comté ont également œuvré de concert avec une association de personnes vivant avec un handicap et avec un consortium de familles sans logis afin d’enregistrer les membres de ces groupes et de ne laisser personne de côté.
Des sites de vaccination ont été créés là où l’accès était facile pour les populations. Pour s’assurer que les personnes généralement marginalisées ne soient pas négligées, une église de Kisumu a mis sa cour à disposition pour servir de site de vaccination pendant une journée. La communauté des entreprises privées a fait don de masques, d’une tente, de collations et d’un véhicule pour transporter des personnes handicapées ou présentant d’autres vulnérabilités jusqu’au site.
À la fin de cette journée particulière, 321 personnes s’étaient fait vacciner sur le site de l’église. Parmi ces vaccinés figuraient 132 personnes vivant avec un handicap et 189 personnes sans domicile fixe.
« En tant d’équipe de santé du comté, nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour améliorer l’accès à la vaccination contre la COVID-19 et nous soutiendrons cette noble idée en veillant à ce que tous les segments de la population soient vaccinés, y compris les personnes vulnérables et marginalisées », a déclaré Florence Aketch, coordinatrice du Programme élargi de vaccination dans le comté de Kisumu.
Dans le comté de Wajir, dans le nord du Kenya, la campagne de vaccination s’est aussi appuyée sur une collaboration avec les représentants politiques, communautaires et religieux, ainsi que sur des messages relayés par la radio communautaire, une démarche qui s’avère efficace auprès des communautés d’éleveurs nomades qui vivent principalement au nord du Kenya. L’administration de vaccins dans ces communautés a aussi impliqué l’installation par les équipes de vaccination de postes de vaccination au niveau des points d’abreuvement.
« Il faut beaucoup d’implication et de ressources pour vacciner les personnes vivant dans des régions peu peuplées », a indiqué le Dr Adam Haji, médecin à l’OMS. « Il ne suffit pas de leur envoyer des messages. Il faut encore accompagner ces messages de beaucoup de travail, comme parcourir de nombreux kilomètres sur une mauvaise route pour les vacciner. »
Pendant la campagne, la couverture vaccinale dans les 11 comtés ciblés est passée de 4,6 % dans les zones peu peuplées à 18,6 % dans les comtés densément peuplés.
Le fait d’avoir amené les communautés locales à participer à la riposte à la COVID-19 et à accepter le vaccin a été un élément essentiel de l’action que les pouvoirs publics ont menée pour protéger le pays, avec le concours de l’OMS.
« Au-delà de la communication sur les risques liés à la COVID-19, l’OMS au Kenya a investi des ressources dans la participation des communautés pour essayer de mieux comprendre les facteurs qui favorisent, ou entravent, le respect des mesures sociales et de santé publique. Grâce au dialogue avec différents groupes, nous avons pu les amener à accepter le vaccin anti-COVID-19 », a déclaré la Dre Juliet Nabyonga, Représentante par intérim de l’OMS au Kenya.
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