Source: WHO Regional Office for Africa |

L’Afrique est confrontée à la plus forte hausse des maladies bucco-dentaires dans le monde

La santé bucco-dentaire reste une priorité de second rang dans de nombreux pays africains, ce qui se traduit par des investissements financiers et techniques inadéquats

J’appelle les États Membres à faire de la santé bucco-dentaire une de leurs priorités dans le cadre de leurs programmes de lutte contre les maladies non transmissibles

BRAZZAVILLE, Congo, 20 mars 2023/APO Group/ --

Environ 44 % de la population de la Région africaine sont touchés par une maladie bucco-dentaire. Alors que la Région a enregistré la plus forte hausse de l’incidence des maladies bucco-dentaires au niveau mondial au cours des trois dernières décennies, les dépenses consacrées aux traitements restent extrêmement limitées, d’après un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La santé bucco-dentaire reste une priorité de second rang dans de nombreux pays africains, ce qui se traduit par des investissements financiers et techniques inadéquats. Cela compromet les services de prévention et de prise en charge, ainsi que la promotion de la santé bucco-dentaire. Près de 70 % des pays d’Afrique subsaharienne ont consacré moins d’un dollar par personne et par an aux soins bucco-dentaires en 2019, dernière année pour laquelle des données sont disponibles.

La moitié des pays de la Région ne disposent pas de documents de politique en matière de santé bucco-dentaire. De plus, selon des données recueillies entre 2014 et 2019, la pénurie de personnel dans le domaine de la santé bucco-dentaire est chronique, avec à peine 3,3 dentistes pour 100 000 habitants, ce qui représente environ un dixième du ratio dentiste-patient recommandé au niveau mondial. Ces lacunes sont aggravées par les répercussions de la pandémie de la COVID-19.

« La santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé et du bien-être, et pourtant elle est négligée depuis trop longtemps dans la Région, avec des conséquences souvent graves et à long terme », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé bucco-dentaire, célébrée le 20 mars.

« Bien qu’elles soient les plus fréquentes des maladies non transmissibles, les maladies bucco-dentaires peuvent être évitées et traitées. Il est essentiel que les pays fournissent davantage d’efforts pour élargir l’accès aux services de prévention et de prise en charge financièrement abordables, et pour s’assurer que les populations disposent des connaissances et des compétences nécessaires pour améliorer leur santé bucco-dentaire », a ajouté la Dre Moeti.

La synthèse régionale africaine du rapport de l’OMS sur la situation mondiale de la santé bucco-dentaire, publiée aujourd’hui, sert de référence aux responsables de l’élaboration des politiques et à un large éventail de parties prenantes. De plus, cette synthèse permet d’orienter le processus de plaidoyer pour une meilleure priorisation de la santé bucco-dentaire dans la Région afin de remédier à la situation alarmante qui prévaut.

Ces trente dernières années, la Région africaine a enregistré une hausse de plus de 257 millions de cas de maladies bucco-dentaires, de la petite enfance à un âge avancé. La charge croissante des maladies bucco-dentaires telles que les caries dentaires, les maladies des gencives et la perte de dents, touche de manière disproportionnée les groupes marginalisés, reflétant des inégalités plus grandes dans l’accès aux services de santé. La prévalence persistante du noma, une maladie qui survient dans des contextes d’extrême pauvreté et qui est surtout présente en Afrique subsaharienne, en est la parfaite illustration. Le noma endommage la bouche et le visage et survient généralement chez les jeunes enfants. S’il n’est pas traité, il est mortel dans 90 % des cas.

La plupart des maladies bucco-dentaires peuvent être évitées sans assistance médicale, grâce à un mode de vie sain, à une alimentation équilibrée et à une bonne hygiène bucco-dentaire. En plus de constituer un lourd fardeau pour la santé, les maladies bucco-dentaires ont un impact social et économique néfaste qui limite la participation des personnes qui en sont atteintes à la société et entraîne une perte de productivité, ainsi que des perturbations de l’apprentissage chez les élèves.

En vue de renforcer la promotion de la santé bucco-dentaire, tout comme la prévention et la lutte contre les maladies bucco-dentaires en Afrique, les États Membres de l’OMS ont adopté, en 2021, une résolution historique qui présente une vision audacieuse pour l’intégration des services de santé bucco-dentaire dans la Couverture sanitaire universelle d’ici à 2030. L’OMS a depuis élaboré une stratégie mondiale intégrée pour la santé bucco-dentaire, qui a été adoptée par les pays lors de l’Assemblée mondiale de la Santé en 2022.

En collaboration avec différents partenaires, l’Organisation a apporté un appui technique et financier aux pays pour qu’ils mettent en œuvre des stratégies régionales et mondiales pour la santé bucco-dentaire, ainsi que pour le renforcement des capacités des travailleurs de la santé et l’amélioration de la surveillance intégrée.

L’OMS a également accompagné 11 pays prioritaires dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi d’un programme national intégré de lutte contre le noma, qui a bénéficié de l’appui financier de l’organisation non gouvernementale allemande Hilfsaktion Noma e.V. Par ailleurs, depuis le mois de juillet 2022, plus de 3600 agents de soins de santé primaires ont participé à une formation en ligne sur le noma organisée par l’OMS.

« J’appelle les États Membres à faire de la santé bucco-dentaire une de leurs priorités dans le cadre de leurs programmes de lutte contre les maladies non transmissibles et de promotion des soins de santé universels, ainsi qu’à accroître leur engagement politique et financier. Pour lutter contre les inégalités en matière de santé bucco-dentaire, nous avons besoin d’un changement de paradigme pour passer des soins de santé bucco-dentaire axés sur le traitement à des approches portées davantage sur la prévention et la promotion », a insisté la Dre Moeti.

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